Histoire des guerres du calvinisme et de la Ligue dans le département de l’Yonne

Tome second

Ambroise Challe

Presque un demi-siècle de guerre civile, avec l’enthousiaste participation de troupes étrangères avides de butin, ont mis la France à genoux. Mais la paix n’a pas ramené la prospérité. L’inhumaine politique de Louis XIV envers « ceux de la religion » continua de vider les territoires et d’entretenir la misère. Il fallut attendre presque la Révolution pour que Louis XVI accorde enfin aux protestants le droit d’exister. Une des pires périodes de notre histoire trouvait son dénouement, sur lequel se ferme également ce second volume. (Édition annotée)

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ISBN : 978-2-38371-090-5
9782383710905 34,50 €
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Antoine Duprat, petit-fils du chancelier Duprat, baron de Vitteaux, était un des hommes les plus mal famés de ce siècle de dépravation. On lui imputait, même dans sa propre famille, des crimes odieux. Il s’était fait un renom de duelliste effréné et avait été l’un des affidés, sinon des mignons de Henri III, qu’il avait suivi en Pologne. Depuis, il avait passé pour être très avant dans les bonnes grâces de la reine Marguerite de Valois, et on le soupçonnait d’avoir, pour complaire à cette princesse, assassiné dans son lit, en 1575, Du Guast, le favori du roi, qui avait mal parlé d’elle. Aux débuts de la Ligue, il avait paru vouloir servir la cause royale. Puis il s’était mis à tenir la campagne en Bourgogne, avec un millier d’arquebusiers à cheval, contre les royalistes, mais sans pourtant joindre ses troupes à celles du duc de Mayenne. Plus tard il avait fait sa soumission à Henri IV. Mais sa fidélité n’avait duré que peu de mois, et il s’était ensuite remis à guerroyer pour la Ligue, ou plutôt pour son compte personnel. À sa forte place de Vitteaux il avait voulu en ajouter une autre dans la Basse-Bourgogne, afin de n’être pas réduit à un seul refuge. Et Noyers, qu’il avait quelque temps convoité, était tombé entre ses mains. Villeferry, son lieutenant, n’avait pas gardé cette conquête sans combats. Les seigneurs de Ragny, d’Argenteuil, de Francières, de Moulins et autres, avaient tenté de l’en chasser. « Ils amenèrent, dit un document de l’époque, quantité de troupes de cavalerie et infanterie qui vinrent planter le pétard à une des portes de la ville qu’on appelle la porte Venoise ; lequel pétard ne fit qu’un trou dans la porte et ne réussit pas. Ce qui obligea la garnison de Villeferry et les habitants de leur courir sus et en desfirent quantité. De sorte qu’on ne trouvoit par les chemins que des bras et jambes coupés qu’on rapportoit en triomphe dans la ville. Ensuite Villeferry, voyant qu’il n’estoit pas en sûreté dans la ville, monta au chasteau qu’il fist réparer et y fist faire des logements pour lui et les siens. Puis le baron de Vitteaux y vint avec sa femme et sa famille et feist achever de réparer le chasteau.

Ambroise Challe

Ambroise Challe – 13 juin 1799, Auxerre; 28 février 1883, Auxerre.

Issu d’une famille de commerçants, deuxième de six enfants, avocat, historien, il consacra sa vie d’érudit à son département natal, l’Yonne, au sujet duquel il publia de nombreux livres et articles. Sa vie de service à son pays d’origine passa aussi par la politique : conseiller municipal, conseiller de préfecture, conseiller général, maire d’Auxerre, il rejoignit également nombre de sociétés savantes. Fait chevalier de la Légion d’honneur en 1853, il fut promu officier le 6 mai 1866.

Chapitre XII. – 1576-1588

Mécontentement des catholiques contre la paix d’Étigny. Naissance de la Ligue. Premiers états-généraux de Blois. Guerre demandée contre les protestants. – 1577, siège de La Charité. Paix de Bergerac. – 1578 à 1583. Brigandages, désordres et dévastations. Courlon, Sergines, Chéroy. – 1584. Mort du duc d’Anjou. Réveil de la Ligue. – 1585 Prise d’arme des princes lorrains. – Saint-Cyr-les-Colons saccagé. Traité de paix de Nemours. Nouveaux désordres. Famine. Peste. – 1587. Nouvelle guerre contre les protestants. Bataille de Coutras. Passage de l’armée des reîtres et des Suisses. Pillages, incendies. Vermenton. Perreuse. Bléneau. Saint-Sauveur. Moutiers. – 1588. Henri III chassé de Paris. Nouveaux états-généraux à Blois. Assassinat du duc de Guise.

Chapitre XIII. – 1589

La Ligue à Paris, son gouvernement. – Adhésion du Sénonais, de l’Auxerrois et de l’Avallonnais. – Émeute à Auxerre contre l’évêque Amyot. – Réaction royaliste de la noblesse du pays. – Prise et reprise de Coulanges-la-Vineuse. – Montréal. Vézelay. Seignelay. Nailly-la-Ville. Saultour. Tonnerre. Noyers. Poilly. Migé. Leugny. Girolles. Annéot. Asquins. – Siège de Joigny. – Assassinat de Henri III. – Passage des reîtres. – Courson. Chablis. Dixmont. Malay-le-Vicomte. – Persécutions et outrages à Auxerre contre Amyot. – Bataille d’Arques. Progrès de Henri IV.

Chapitre XIV. – 1590

La Ligue en Bourgogne. – Avallon. Les magistrats royalistes bannis. Création d’une mairie avec attributions judiciaires. – Mesures de défense à Avallon et Auxerre. – Noyers occupé par les ligueurs. – Bataille d’Ivry. – Henri IV en Champagne. Attaque de Sens par Henri IV. Projets de capitulation. Émeute populaire pour la résistance. Échec du roi. – Prise d’Ouanne et de Saint-Julien-du-Sault par les royalistes. Tentative sur Joigny. – Cérémonies et processions à Auxerre. – Attaque de Clamecy par les ligueurs d’Auxerre, et de Tonnerre par les barons de Vitteaux et de Seignelay, Dannemoine ? – Trêve pendant la moisson et les semailles. – Reprise de la guerre à l’entrée de l’hiver.

Chapitre XV. – 1591-1593

Désordres et misère de nos contrées. – Incursions de la garnison de Vézelay. Foire de Bouy. Expédition du maréchal d’Aumont et du duc de Nevers. Prise d’Esnon. – 1592. Prise de Mailly-le-Château. Attaque et résistance d’Avallon et de Joigny. Prise de Pizy par les royalistes et par les ligueurs. Reprise de Mailly-le-Château par les ligueurs. – 1593. Prise de Noyers et de Toucy par les royalistes. Apprêts de résistance à Sens. Serment des ligueurs. Auxerre demande une trêve. Places occupées dans la contrée par les deux partis. Surprise de Noyers par le baron de Vitteaux.

Chapitre XVI. – 1594-1595

États-Généraux de Paris. – Échec des divers prétendants à la couronne. – Conférences des délégués des États avec ceux du parti du roi. – Henri IV se convertit au catholicisme. – Mort d’Amyot, évêque d’Auxerre. – Le duc de Guise dans l’Auxerrois. Prise de Champlay, Neuilly, Beauvoir, Églény, Laroche. – Le duc de Nevers vient à sa rencontre par Tonnerre. – Engagement devant Chablis. Retraite du duc de Guise. – Prise par les ligueurs de la maison-forte d’Andryes, de Maison-Rouge, de Quincerot. Dannemoire occupé par les ligueurs, puis repris par le duc de Nevers. – Trêves particulières entre le Nivernais et l’Auxerrois, et entre Avallon et Montréal. Trêve générale après la conversion du roi. L’amiral de Biron amène un corps de troupes dans l’Auxerrois et la Champagne. Contributions de guerre levées sur les campagnes. Saccagement de Villemer, Bassou et Héry.

Chapitre XVII. – 1594-1595 (suite)

Cessation de la trêve. Progrès de la cause royale. – Vézelay, Mailly-le-Château et Seignelay se soumettent au roi. – Coulanges-la-Vineuse lui est livré. – Villeneuve-le-Roi surpris. Prise de Brienon. – Capitulation de Joigny, de Saint-Florentin, d’Auxerre, de Sens et de Chablis. – Chigy, Champs, Jussy, Ségennes, Gurgy. – Avallon est livré au roi et sa garnison prisonnière. – Réaction des passions ligueuses à Auxerre. – Le baron de Tannerre fait bailli de l’Auxerrois et assassiné. – Thorigny pris par les ligueurs. – Prise de Saint-Vinnemer, Jully et Chatel-Gérard sur les ligueurs. – Actions et cruautés du baron de Vitteaux à Noyers. – 1595. Cette ville est délivrée par les habitants et reprise par le baron. Capitulation de Noyers et de Vitteaux.

Chapitre XVIII. – 1596-1789

Édit de Nantes, 1600, prêche établi dans un faubourg d’Avallon, puis transféré à Savry. – Protestants à Avallon, Vézelay, La Charité et Gien. – Persécutions commencées contre les protestants. Édit du 25 octobre 1585 portant révocation de l’édit de Nantes ; dragonnades, emprisonnements, galères, confiscations, fuites et émigrations, abjurations, nouveaux convertis soupçonnés de dissimulation, séquestration des suspects, enfants enlevés à leurs parents et enfermés dans des couvents, correspondance du ministre Pontchartrain avec l’évêque d’Auxerre, de 1706 à 1719. – Continuation après la mort de Louis XIV du régime d’intolérance. – Déclaration royale de 1724, confirmative de l’édit de 1585. La philosophie du XVIIIe siècle amène enfin dans les mœurs le régime de la tolérance. – 1787. État civil rendu aux protestants par Louis XVI. – 1789. Rétablissement de la liberté des cultes.

Chapitre XIX. – Conclusion

Résumé des événements de la guerre religieuse dans notre contrée, ses résultats : appauvrissement, dépeuplement et démoralisation, ruine profonde et prolongée de l’agriculture, ruine et abaissement de la noblesse, ruine et déconsidération du clergé, réaction du scepticisme du XVIIIe siècle et représailles de la révolution de 1789.

Pièces justificatives