La vie, tellement remplie et tellement courte, d’une princesse française devenue un exemple pour le monde. À partir de la révolution, l’ouvrage repose en grande partie sur le journal d’Élisabeth. D’une lecture souvent éprouvante, il nous présente en détail toutes les étapes d’un véritable calvaire, vécu dans une étonnante paix intérieure, une acceptation sans réserve des desseins de la Providence.
Ouverte en 1953, puis en sommeil pour des raisons politiques, la cause en béatification d’Élisabeth de France est actuellement de nouveau en cours. (Édition annotée.)

Madame Élisabeth
Sœur de Louis XVI
Il est onze heures et demie. Le silence règne dans le château. Chez Madame Élisabeth, les lumières sont éteintes. Le salon est dans son ordre accoutumé. Un gros bouquet de roses sauvages, cueilli le matin sur les coteaux de Meudon, s’épanouit sur la cheminée. Les oiseaux dorment sur leurs perchoirs. Mais les portes de la chambre à coucher et du boudoir sont ouvertes. Une femme, en costume de suivante en voyage, robe d’indienne brune à petites fleurs, mante à capuchon, chapeau de paille blanche à la suissesse garni d’une épaisse dentelle noire, examine, à la faible lueur d’une veilleuse, un papier sur lequel se lit : « Rosalie, femme de chambre, au service de Mme la baronne de Korff », et l’attache à un paquet. Elle jette un coup d’œil rapide sur l’appartement, sur la table à écrire, dont les tiroirs sont vides, et paraît se disposer à sortir. Mais ce n’est pas vers la porte qu’elle se dirige, en s’avançant dans la demi-obscurité du cabinet. Arrivée devant un panneau de boiserie sculptée, elle s’arrête, tire de sa poche une clé ployante et, sans hésiter, la fixe sur une rosace qui cède, entraîne le panneau et laisse voir un étroit passage.
Célestine de Ségur, 8 janvier 1830, Paris ; 7 décembre 1918, Paris.
Issue de la grande famille des Ségur, la petite Célestine, future comtesse d’Armaillé, grandit et vécut dans un milieu aristocratique nanti et cultivé. Cousine de la célèbre conteuse, elle aussi consacra sa vie à sa famille et à l’écriture. Son oeuvre, peu abondante mais sensible et raffinée, appuyée sur un remarquable travail de recherche, lui valut la reconnaissance et l’admiration d’un public de plus en plus large, et les louanges des meilleurs critiques.
Note de l’éditeur
Avant-propos
Livre premier – Versailles (1764-1789)
Livre II – Les Tuileries (1789-1792)
Livre III – Le Temple (1792-1794)