Contes du soir

Auguste Barbier

Les lieux et certains personnages sont empruntés à la réalité.

Nous partons au château de Chaiges, pour un sombre mystère orientalisant ; au palais des Salimbeni à Sienne, découvrir une haletante histoire d’amour contrarié, de basse vengeance et de justice triomphante, et enfin, visiter les petits villages bucoliques de Greenwich et Bayswater, dans la banlieue de Londres, tâter de la morale rigide de la bonne société victorienne.

Trois contes terriblement romantiques, comme en raffolait le XIXème siècle.

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ISBN : 978-2-491445-26-3
9782491445263 12,00 €
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Et Allan, d’une voix mal assurée, s’exprima ainsi :
– Miss Greeville, les sentiments affectueux que vous n’avez cessé de me montrer jusqu’à ce jour, et qui m’honorent au delà de toute expression, m’enhardissent à vous découvrir le fond de mon cœur, et à vous confier la secrète pensée qui l’agite et le consume.
– Voyons, voyons ! dit la jeune fille en regardant attentivement son interlocuteur, peut-être pourrons-nous vous venir en aide.
Et Allan continua :
– Du jour où j’ai eu le bonheur de vous voir pour la première fois, miss Greeville, je vous aime. Et depuis ce moment, je n’ai eu qu’un désir, qu’une ambition, celle d’arriver à l’honneur de vous épouser. Craignant que vous ne puissiez pas répondre à mes vœux, à raison de la trop grande distance qui existe entre nous par la fortune et le rang dans le monde, je viens vous prier de me dire, en toute loyauté et franchise, si vous consentiriez à attendre le jour où j’aurais conquis le nom et la richesse que je voudrais vous offrir.
Jane, fort émue de ces paroles, avait rougi, baissé les yeux. Puis, après quelques secondes de silence, un peu remise, elle répondit d’une voix douce, mais nette et ferme :
– Monsieur Allan, je sais que depuis longtemps vous me portez de l’affection, et j’en ai eu trop de preuves en maintes circonstances malheureuses pour n’en être pas profondément touchée. Je connais vos talents, vos bonnes qualités, et personne plus que moi ne les apprécie. Bien plus, je serais très heureuse de conserver un ami tel que vous toute la durée de ma vie, mais…
– Oh ! miss ! fit Allan en interrompant la jeune fille, voilà un mais qui est bien pénible pour moi.
– Que voulez-vous, cher monsieur, vous me demandez l’expression vraie de ma pensée et je vous la donne.
– Et je vous en suis on ne peut plus reconnaissant ; car le bonheur de ma vie entière est suspendu à vos lèvres… veuillez donc achever !
– Eh bien ! cher monsieur, je n’hésite pas à vous dire que mon affection répond sincèrement à la vôtre ; mais si mon cœur va volontiers vers vous, ma main ne peut en faire autant.
À ces mots, il y eut un tressaillement dans toute la personne du jeune homme, et il trembla comme la feuille au choc subit d’un vent d’orage.
– En vérité ! reprit-il d’une voix faible, et pourquoi ?
– Parce qu’elle n’est point libre.
– Ah ! mon Dieu ! s’écria Allan avec angoisse, c’est justement ce que je craignais d’entendre. Vous n’êtes point libre !
– Hélas ! non ! cher monsieur, et si vous voulez encore m’écouter, vous apprendrez quelle est la volonté qui m’enchaîne.
– Oh ! parlez ! je vous en supplie.
– Cette volonté est celle de mon père.
– M. Greeville !
– Oui, lui-même !

Auguste Barbier

Auguste Barbier (Paris, 1805 – Nice, 1885)
Propulsé à 25 ans brusquement au faîte de la gloire par quelques poèmes républicains, violents et engagés, à la suite des Trois Glorieuses, Auguste Barbier s’installera peu à peu dans le rôle de l’écrivain « sérieux » et un peu moralisateur. Sa renommée n’en souffre pas. Élu en 1869 membre de l’Académie française, il est entre autres l’auteur du livret de Benvenuto Cellini.

Préface

Le chevalier de Lussan

Anselmo et Angélica

Allan Morison

Notes