Quatre nouvelles autour de l’amour, du désir, de l’esquive, de la séduction, de toutes ces subtilités dont les hommes et les femmes aiment tisser leurs relations. Les nouvelles, chacune dans un monde bien différent, sont pourtant liées. La dernière, qui noue la gerbe, jette sur la vie intime de l’auteur, amoureux reconnu des femmes, de bien étranges lueurs. (Ebook uniquement)

Laissez-moi vous dire, l’abbé, que vous n’êtes qu’un sot d’avoir laissé ce garçon s’amouracher de cette petite paysanne, au lieu de faire vous-même l’amour avec elle, comme n’y eût pas manqué un homme raisonnable. Mais le dommage est fait, avisons à le réparer. Cela vous appartient. Voici donc ce que j’ai décidé. Puisque mon fils se trouve à l’âge où l’on prend goût aux filles, je ne veux pas qu’il y débute avec cette rustaude. Un si bas apprentissage n’est point digne de sa naissance. Il est vrai que, de nos jours, on n’entend parler que d’égalité et que l’on proclame tout haut des principes où j’entends bien ne pas me conformer. De plus, il est à remarquer que nos premiers pas dans la volupté exercent une grande influence sur nos façons futures. Il est donc d’une bonne éducation de surveiller l’instinct qui porte un jeune homme aux plaisirs des sens, où il n’est que trop disposé à recourir à la première venue.
Henri de Régnier – Honfleur, 28 décembre 1864 ; Paris, 23 mai 1936.
Écrivain, critique littéraire, essayiste, il fut d’abord et avant tout poète. Ses premières publications, alors qu’il venait d’avoir vingt ans, lui attirèrent immédiatement une renommée qui ne se démentit jamais. Son oeuvre poétique, teintée de Parnasse et de Symbolisme, reste une des plus abondantes et des plus remarquables de la langue française. Le 9 février 1911 elle lui ouvrit les portes de l’Académie française. Sa vie privée fut moins académique : son épouse Marie de Heredia, une des filles du poète, publia elle-même sous le pseudonyme de Gérard d’Houville, une oeuvre romanesque et poétique abondante. Marie entretenait une liaison avec l’écrivain Pierre Louÿs (qui finira par épouser sa soeur Louise), dont elle eut un fils, Pierre de Régnier, lui-même écrivain et poète.
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