Les Mémoires de Sarah Barnum

Marie Colombier

Reprise de l’édition de 1884, avec une introduction sur la vie de l’auteur.

En 1881, Marie Colombier avait commencé à montrer ses cartes en publiant « Le voyage de Sarah Bernhardt en Amérique ».

En 1884, après une brouille de trop, elle assène le coup de grâce avec « Les mémoires de Sarah Barnum ».

L’ouvrage dévoile, sous des pseudonymes transparents, les coulisses demi-mondaines de la vie de la tragédienne.

Il lui vaudra, outre le saccage de son appartement par Sarah Bernhardt elle-même, aidée de Jean Richepin et de son fils Maurice Bernhardt, une forte amende et une peine de trois mois de prison, peine réduite à quinze jours, probablement sur l’intervention de son ancien protecteur le député Pétrus Richarme, resté son ami.

Certains points de suspension de cette édition, parue après le procès, en sont la conséquence.

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Rien n’était assez beau ni assez bon pour elle. Ses fournisseurs furent ceux des souverains qui la venaient applaudir. Encore leur imposa-t-elle des raffinements : c’est ainsi qu’elle inventa les gants de Suède montant jusqu’à l’épaule. Leurs plis tirebouchonnant dissimulaient la pauvreté de son bras, et comme elle en confia la fabrication aux Magasins du Louvre, ces merveilleux producteurs, la mode en prit furieusement. De même, elle stimula madame Lejeune, sa lingère, et empêcha cette artiste arrivée de s’endormir sur ses succès, en lui demandant de nouveaux modèles plus exquis les uns que les autres. Elle en obtint des matinées, des chemises, des peignoirs à désespérer les peintres par leur diaphanéité neigeuse, ou par l’originalité charmante de leurs tons et de leur dessin.

Car la Barnum était artiste en tout et jusqu’au bout des ongles. Mais, à travers son culte de la forme et du luxe délicat, perçait, il faut bien le dire, son incessant besoin de corriger la nature. Maltraitée par cette marâtre, elle voulut cependant être désirée et admirée. Sa maigreur sembla donc disparaître. Ce fut à sa corsetière, la célèbre Léoty, qu’elle demanda de lui faire une poitrine. Et celle-ci créa pour elle une mode de corsets qui remplirent ce but tout en étant le comble de l’élégance, et qui, par leur chic, furent pour moitié dans les succès de toilette de notre héroïne.

Quant à son teint, quant à sa peau, elle ne les oublia pas plus que le reste. L. Legrand fut son sauveur. Elle lui demanda de les lui velouter, tout en les parfumant, tout en les lui adoucissant, et l’habile parfumeur inventa, pour sa difficile cliente, cette incomparable crème Oriza et cette fabuleuse essence Oriza à l’héliotrope blanc.

Marie Colombier

Marie Colombier, Auzances 1841 (aussi 1843 ou 1844 selon les sources) – Garches 1910.
Fille naturelle d’Anne Colombier et d’un père peut-être espagnol, son enfance est obscure. Elle entre au Conservatoire en 1862, où elle rencontre Sarah Bernhardt, avec laquelle elle partagera longtemps la scène – et les amants. Peut-être faut-il chercher dans cette promiscuité une des causes de leurs relations houleuses ? Elle tentera d’utiliser la notoriété ambiguë que lui apporte le scandale de Sarah Barnum pour monter sa propre pièce, Bianca, mais son accueil mitigé la décidera à quitter le théâtre pour se consacrer à la « littérature ». Elle publiera plusieurs romans à clés, collections d’historiettes vécues et de souvenirs arrangés.

I – PREMIERS PAS

II – LES DÉBUTS

III – COUPS DE TÊTE, D’ÉPINGLE ET AUTRES…

IV – DE L’INFLUENCE DE LA DÈCHE SUR LES RELATIONS DE FAMILLE

V – ON NE MEURT PAS D’AMOUR !…

VI – DE L’INFLUENCE D’UN FEU SUR LES FEUX DE THÉÂTRE ET SUR CEUX DES SPECTATEURS

VII – DE L’INFLUENCE DU SUCCÈS SUR LES SOCIÉTÉS EN COMMANDITE

VIII – DE LA RÉCLAME, ENCORE DE LA RÉCLAME, TOUJOURS DE LA RÉCLAME !

IX – GRANDS ET PETITS VOYAGES

X – VOYAGES D’INTÉRÊT ET DE SANTÉ

XI – OÙ LA RÉCLAME SE PERFECTIONNE

XII – GRANDEUR ET DÉCADENCE

XIII – …