L’Impératrice Eugénie et sa cour

Octave Aubry

Un parvenu et une aventurière sous les lampions d’un pastiche de la cour de Versailles… les contemporains n’étaient pas tendres envers les derniers occupants des Tuileries. Avec le temps, le Second Empire a pourtant trouvé sa réhabilitation dans l’imaginaire français. Bals, crinolines et tables tournantes, toute une époque, qu’aujourd’hui on n’évoque pas sans un sourire entendu, et un peu complice. La cour d’Eugénie et Louis-Napoléon en était le cœur. L’auteur, grand spécialiste du temps, nous en ouvre grand les portes. (Édition annotée)

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ISBN : 978-2-38371-064-6
9782383710646 10,50 €
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ISBN : 978-2-38371-065-3
9782383710653 1,99 €
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Après une heure passée à voir son courrier quotidien avec Damas-Hinard : requêtes, placets, demandes de secours, Eugénie monte avec une dame du Palais dans son petit coupé « couleur de muraille », comme elle dit et, se déguisant parfois – car elle adore le romanesque et l’incognito – avec un voile, un chapeau, une mante de dame âgée et même des lunettes, elle part pour ses courses du matin. Elle visite des ouvroirs, des cou-vents, des asiles, sans prévenir, ravie d’affoler les bonnes sœurs et de mettre au garde-à-vous les médecins. Elle donne beaucoup, quoi qu’on ait dit, et elle le peut, car sa cassette est largement fournie : elle reçoit de l’Empereur environ deux millions par an. Mais elle donne avec discernement, ne veut pas être trompée. « Il faut tout voir par soi-même », déclare-t-elle souvent, et elle répète que « donner comme fait l’Empereur, les mains ou-vertes et les yeux fermés, c’est une charité de Don Quichotte. » Elle va voir aussi ses amis, s’attarde au chevet de Cécile Delessert malade, surprend Mme de la Bédoyère à sa toilette, visite même, malgré la défense de l’Empereur, Mlle Rachel qui naguère lui a donné des leçons de maintien. Elle l’avait fait d’abord venir aux Tuileries, avec l’aveu de Napoléon III, lui avait demandé des conseils pour ses révérences, ses saluts, ses gestes officiels. Mais Rachel avait apporté aux Tuileries les bruits de la ville et de la scène. Au-tour de l’Impératrice et de la comédienne, un petit cercle se formait le matin : Mérimée, Tascher, quelques dames. On causait sans réserve, on riait beaucoup. L’Empereur s’en est offusqué et l’actrice a été courtoisement invitée à suspendre ses leçons. Cependant elle est une amie du passé : elle venait autrefois chez les Montijo, place Vendôme. Eugé-nie l’a applaudie dans toutes ses créations, et puisqu’on lui défend de paraître aux Tuile-ries, en se cachant un peu, elle va la voir.

Octave Aubry

Octave Aubry – 1er septembre 1881, Paris ; 27 mars 1946, Paris.
Après des études d’histoire classiques auprès des grands maîtres de l’époque (dont Leroy-Beaulieu) et un séjour d’étude prolongé en Espagne, il se consacra à l’écriture. Il fut l’auteur de nombreux ouvrages d’érudition autour de son intérêt privilégié pour l’Empire et les deux Napoléon, mais savait aussi faire passer ses connaissances dans des romans historiques. Membre de l’Institut, il fut élu sur le tard au fauteuil n° 8 de l’Académie française, mais mourut avant de s’y présenter.

I. – Le mariage d’Eugénie
II. – La vie aux Tuileries
III. – Les fêtes
IV. – Les villégiatures impériales
V. – L’Impératrice et la politique
VI. – Les rois à Paris
VII. – Le caractère d’Eugénie