Mam’zelle Vertu

Henri Lavedan

Dix-neuf nouvelles, longues et courtes, nous emmènent dans tous les milieux de cette société très policée et hiérarchisée qui fut celle du dix-neuvième siècle. Chacun est à sa place, la toilette dit le statut, qui impose le métier et les manières. Mais l’auteur n’avait pas l’imaginaire tranquille. Les personnages découpés au scalpel, les situations fortes, les violents coups de théâtre bousculent le lecteur ; les émotions sont au rendez-vous. Âmes sensibles… prudence.
(Édition annotée)

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ISBN : 978-2-38371-027-1
9782383710271 11,50 €
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Une planchette de l’étalage était réservée à l’argenterie, aux timbales, rouleaux, hochets d’enfant, pinces à sucre, truelles à poisson, tire-bouchons, couverts en ruolz, sans compter, par derrière, un peloton de réveille-matin pour les petits employés, les besoigneux qui se lèvent dès l’aube, à l’heure où les personnes riches se couchent, fatiguées de s’amuser.

À l’intérieur de la boutique, le long des murs, se dressaient plusieurs grandes horloges décorées de fleurs peintes, pareilles dans leurs gaines à des sarcophages mis debout ; et, partout, à gauche, à droite, en bas, en haut, rangées sur des planches, une quarantaine de pendules en bronze, en cuivre ou en marbre.

C’étaient des bergers offrant des nids à des bergères, Cornélie mère des Gracques, le Temps appuyé sur sa faux, Minerve avec un casque. Ou bien encore, un jeune varlet coiffé d’une toque à plumes, tenant l’étrier à une gente damoiselle prête à sauter sur sa haquenée. Il y en avait d’autres d’un style purement architectural : quatre colonnes en albâtre surmontées d’un fronton dorique, avec le cadran au milieu.

Le mobilier du magasin se composait de six chaises en chaîne cannelé, d’une petite table, et du comptoir.

Les chaises étaient réservées aux clients.

La table, exclusivement, était réservée à monsieur.

Henri Lavedan

Henri Lavedan – 9 avril 1859, Orléans ; 4 septembre 1940, Écaquelon (Eure)
Après s’être fait la plume dans le journalisme, il se tourna ensuite vers le théâtre, pour qui il écrivit en priorité jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, après laquelle il choisit plus volontiers le roman. D’un style alerte et mordant, il aimait prendre pour cible les hautes sphères de la société, souvent avec la légère touche de chauvinisme alors de bon ton. Son oeuvre très abondante et populaire lui valut en 1898 le 15e fauteuil de l’Académie française, et en 1913 le brevet de Commandeur de la Légion d’honneur.

Mam’zelle Vertu
Qui ?
Monsieur Papillon
Le costume
Le crime de Saint-Cloud
L’armoire
Le mauvais sergent
L’aumônier
L’accident
Un homme peureux
Fleur d’oranger
La panthère
Sultan
La main
À Saint-Cyr
L’opale
Le mécanicien
Rachel
Mie de pain