Mon agonie de trente-huit heures

François Jourgniac de Saint-Méard

Récit du terrible séjour que l’auteur fit à la prison de l’Abbaye, entre fin août et début septembre 1792, pendant les tristement célèbres « massacres de Septembre ».
Certain de sa condamnation, détenu dans des conditions inhumaines, témoin de scènes effroyables, il nous livre ici un récit à chaud d’une lecture difficile, mais qui connut un succès considérable pendant tout le XIXe siècle.
Il en a existé plus d’une cinquantaine d’éditions en France, sans compter des dizaines d’éditions frauduleuses à l’étranger.
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ISBN : 978-2-491445-60-7
9782491445607 3,99 €
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Le 28 et le 29. – Nous ne fûmes distraits que par l’arrivée des voitures qui amenaient à chaque instant des prisonniers. – Nous pouvions les voir d’une tourelle qui communiquait dans notre chambre, et dont les fenêtres donnaient sur la rue Sainte Marguerite.
Nous avons payé bien cruellement par la suite le plaisir que nous avions d’entendre et d’apercevoir ce qui se passait sur la place, dans la rue, et surtout vis-à-vis le guichet de notre prison.

Le 30, à onze heures du soir. – On fit coucher dans notre chambre un homme âgé d’environ quatre-vingts ans ; nous apprîmes le lendemain que c’était le sieur Cazotte, auteur du poème d’Olivier, du Diable amoureux, etc. – La gaieté un peu folle de ce vieillard, sa façon de parler orientale, fit diversion à notre ennui ; il cherchait très sérieusement à nous persuader, par l’histoire de Caïn et d’Abel, que nous étions bien plus heureux que ceux qui jouissaient de la liberté. Il paraissait très fâché que nous eussions l’air de n’en rien croire ; il voulait absolument nous faire convenir que notre situation n’était qu’une émanation de l’apocalypse, etc. etc. Je le piquai au vif en lui disant que, dans notre position, on était beaucoup plus heureux de croire à la prédestination qu’à tout ce qu’il disait. Deux gendarmes qui vinrent le chercher pour le conduire au tribunal criminel terminèrent notre conversation.

François Jourgniac de Saint-Méard

Chevalier François de Jourgniac Saint Méard, Bordeaux 1745 – Paris, 1827.
Capitaine commandant au régiment d’infanterie du roi, chevalier de St Louis. Ses pamphlets mordants n’épargnent pas les révolutionnaires, et il s’attire beaucoup d’ennemis.
Présent à Nancy lors de l’insurrection de l’armée, il est nommé général par ses soldats. Pressé d’aller prendre Lunéville, il tergiverse tellement que trois jours plus tard, ces mêmes soldats l’accusent de trahison et le condamnent à mort. Mais il peut s’échapper, et vient s’installer à Paris. Cet épisode pèsera dans les accusations qui l’amèneront à l’Abbaye.
Ayant échappé presque par miracle à une condamnation à mort, ce royaliste convaincu, mais honnête et respectueux de l’opinion d’autrui, réussit à ne plus être inquiété jusqu’à la fin de la Révolution.

AVERTISSEMENT

CHAPITRE PREMIER
Quatorze heures au Comité de Surveillance de la Commune

CHAPITRE II
Dix jours à l’Abbaye

CHAPITRE III
Commencement de mon agonie de trente-huit heures

CHAPITRE IV
Dernière crise de mon agonie

CHAPITRE V
À mes ennemis