Cinq mois au Caire et dans la Basse-Égypte

Gabriel Charmes

L’auteur le dit lui-même, il n’est ni historien, ni amoureux des vieilles pierres.
Obligé pour sa santé de passer l’hiver au soleil, mais curieux de nature, il se passionne vite pour l’Égypte.

Pays paradoxal, de population arabe allogène mais d’administration ottomane, l’Égypte est alors sous une forte influence intellectuelle et culturelle européenne, en particulier française et anglaise.

Tout en bas, à l’écart, démuni de tout, méprisé, écrasé de travail et d’impôts, vit le fellah. C’est dans ses veines que coule encore le sang de l’ancienne Égypte. Un témoignage rare sur un pays que l’on n’en finit pas de découvrir. (Édition annotée)

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ISBN : 978-2-491445-65-2
9782491445652 20,00 €
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ISBN : 978-2-491445-66-9
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La prière arabe, comme on sait, est une sorte d’exercice des plus originaux, qui commence par des ablutions et qui continue par une série de prosternations accompagnées de quelques courtes paroles. La coutume veut qu’on choisisse l’endroit le plus propre du lieu où l’on se trouve pour exécuter cette pantomime. Dans les jardins, les fellahs se placent sur les parties les plus fraîches de la pelouse ; dans les rues, ils étalent devant eux leur mouchoir, s’ils en ont un, chose fort rare ! et, s’ils n’en ont pas, leur turban ou tout chiffon réputé propre qui leur tombe sous la main. Rien n’est plus curieux que de voir de graves marchands, enfermés dans les petits espaces carrés qui leur servent de boutique et où ils ont à peine la place de se tenir debout, se lever, se courber, se prosterner en se tournant respectueusement du côté de la Mecque, au milieu de la foule qui circule et des chalands qui s’arrêtent pour regarder la marchandise, mais qui prennent soin de ne pas déranger le fidèle dans ses dévotions.

Le canal qui traverse le Caire et qui se prolonge ensuite jusqu’à Ismaïlia est une véritable mosquée en plein air. Il est si commode de venir y faire ses ablutions qu’on est naturellement porté à y faire ensuite sa prière. La plupart des fidèles trouvent plus simple de se baigner totalement que de se laver les bras au-dessus du coude et les jambes au-dessus du genou. Aussi ne passe-t-on jamais devant le canal sans rencontrer sur ses deux rives un grand nombre d’hommes noirs ou bronzés absolument nus. Il est difficile d’imaginer un spectacle plus intéressant pour un sculpteur. Aucun musée ne contient de plus beaux spécimens de la nature humaine. On croirait que tous ces baigneurs sont d’admirables statues de bronze ou d’ébène descendues de leur socle, pour étaler des formes achevées sous la plus éclatante lumière.

Gabriel Charmes

Gabriel Charmes, Aurillac 1850 – Paris 1886.
Journaliste au Journal des Débats et au Soir, il fut très tôt atteint de la tuberculose, qui devait l’emporter prématurément. C’est pour chercher des climats plus favorables à une éventuelle guérison qu’il passa les hivers de 1878 et 1879 en Égypte, et axa sa carrière sur l’exploration du Moyen-Orient, où il fit de nombreux voyages qui lui donnèrent matière à plusieurs livres très documentés.

Chapitre I – De Marseille à Alexandrie
Chapitre II – Alexandrie
Chapitre III – Le canal Mahmoudieh. – L’herbe. – Les jardins d’Égypte. – D’Alexandrie au Caire
Chapitre IV – Le Caire
Chapitre V – Le Caire (suite)
Chapitre VI – Le Caire (suite)
Chapitre VII – Boulacq. – Les bains. – Les fellahines. – Les enterrements. – La circoncision et le mariage
Chapitre VIII – Les tombeaux des kalifes
Chapitre IX – Les mosquées
Chapitre X – Promenades autour du Caire. – Ânes et âniers. – Ghizeh. – Fostatt. – Matarieh. – Héliopolis. – Les Pyramides. – Saqqarah. – La pluie
Chapitre XI – La vie du Caire. – L’esclavage. – Mohamed-el-Hindy. – La vie parisienne en Égypte sous Ismaïl Pacha. – Les arts
Chapitre XII – La tolérance. – Les derviches
Chapitre XIII – Le retour du tapis de la Mecque. – Le Dosseh
Chapitre XIV – L’anniversaire de la mort d’Hussein
Chapitre XV – La nature en Égypte. – Le Nil
Chapitre XVI – Syout
Chapitre XVII – Ismaïlia. – Le désert. – Arrivée chez le cheik Séoud
Chapitre XVIII – Une nuit sous la tente. – Sân. – Lac Menzaléh. – Port-Saïd
Chapitre XIX – Le fellah
Chapitre XX – Une plantation en Égypte et un village arabe
Chapitre XXI – Le gouvernement. – La classe dominante
Chapitre XXII – Les Européens
Chapitre XXIII – Les écoles
Chapitre XXIV – La mosquée d’el-Azhar
Chapitre XXV – Le départ