La résurrection de Versailles

Pierre de Nolhac

Il est tout naturel d’associer aujourd’hui l’image du Château de Versailles à la gloire de la monarchie française, aux ors et aux fastes d’une cour dont le raffinement a longtemps donné le ton à l’Europe entière.

Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Dévasté par la Révolution, pillé, abandonné, oublié par le peuple, récupéré par la République, Versailles revient de loin.

Nous assistons ici au combat d’un conservateur passionné, dont l’amour et la pugnacité vont mener et gagner le combat de cette difficile et improbable renaissance.

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Puis-je citer un cas où nous fûmes sérieusement avantagés ? Le conservateur des objets d’art au Louvre, Molinier, avait une extrême envie de reprendre deux petits bronzes qu’un inventaire révolutionnaire indiquait comme saisis à Louveciennes, chez Mme du Barry, et qui s’étaient égarés dans les cabinets de Marie-Antoinette. On s’y prêta de bonne grâce, et le collègue reconnaissant m’offrit de prendre ce qui me conviendrait dans ses armoires, où gisaient encore des débris de l’éphémère Musée des souverains créé par Napoléon III. Je choisis neuf plaques de pâte tendre de Sèvres, de dimensions exceptionnelles, où les peintres minutieux de la Manufacture royale ont réduit les grandes compositions d’Oudry pour les tapisseries des chasses de Louis XV en les transposant par le costume, de manière à en faire les chasses de Louis XVI. Les portraits s’y trouvent rajeunis et l’on distingue fort bien sur l’une d’elles les costumes de Marie-Antoinette et de ses dames.

De tels morceaux ont dû avoir un vif succès auprès de la Cour lors des expositions annuelles qui se faisaient à Noël, chez le Roi lui-même, dans le Salon des porcelaines. Je n’ai pas besoin de souligner leur valeur marchande d’aujourd’hui ; c’est un ensemble unique, resté dans ses cadres anciens et parfaitement intact. L’un d’eux fut réservé pour le musée céramique de Sèvres, et les autres portés au Château où je leur cherchai une place ; une étiquette indiquait qu’elles s’étaient trouvées dans la salle à manger privée du Roi, que je supposais avoir été la pièce sur la cour des Cerfs ; je décidai de les y remettre en les suspendant par une chaîne sur les panneaux où ils s’arrangeaient fort bien. Quel ne fut pas mon plaisir, au moment de planter le crochet, de constater que les crochets anciens existaient déjà sur la plinthe supérieure ! Ainsi se trouvait reconstituée, et du même coup identifiée par un hasard heureux, une pièce intime des cabinets du Roi.

Pierre de Nolhac

Pierre Girauld de Nolhac, dit Pierre de Nolhac (Ambert 1859 – Paris 1936)
Écrivain, poète, historien, il a eu dans sa vie deux amours : les Antiquités latines et le XVIIIe siècle français – Rome et Versailles. Ses recherches sur Pétrarque feront date. Ce fort lien affectif à l’humanisme de la Renaissance italienne et à l’esthétisme de la France de l’ancien régime l’accompagnera toute sa vie, qu’il fût Conservateur du Château de Versailles ou directeur du musée Jacquemart-André. Élu à l’Académie française en 1922, il laissa une oeuvre abondante et raffinée.

Introduction

I – L’ACCUEIL DE VERSAILLES

II – LES PREMIERS TRAVAUX

III – LE NOUVEAU MUSÉE

IV – PREMIERS PRINCES EN VISITE

V – QUAND VERSAILLES RENAISSAIT

VI – L’ÈRE DES COMBATS

VII – LE PARLEMENT DANS VERSAILLES

VIII – LE TSAR ET LES ROIS

IX – LES VISITEURS

X – VERSAILLES À LA MODE

XI – VERSAILLES ET SES AMIS

XII – ANNÉES DE GUERRE ET DE PAIX