Louis XV et Marie Leczinska

Pierre de Nolhac

Fille, épouse, mère et reine parfaite – trop, peut-être – Marie Leczinska n’était pas de taille à lutter contre la cruauté des intrigues de Versailles. Poussée peu à peu dans l’ombre par les retentissantes frasques de son époux, sans une plainte, sans un reproche, sans une révolte, elle parcourut une à une les douloureuses étapes de l’abandon, jusqu’à presque sortir de l’Histoire.
Par le portrait de ce couple fortement contrasté, à l’image d’ailleurs de nombre d’autres dans les sphères de pouvoir, l’auteur éclaire pour nous une poignante réalité humaine. (Édition annotée.)

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ISBN : 978-2-38371-034-9
9782383710349 19,50 €
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Les Strasbourgeois se souvinrent longtemps de ce 15 août 1725, où les rues pavoisées et enguirlandées virent le brillant mouvement des troupes autour des carrosses royaux, et personne n’oublia l’aimable jeune Reine pour qui se déployèrent toutes ces joies. La majestueuse cathédrale fut remplie, dès avant onze heures, par la Cour, les princes allemands et leur suite, la noblesse et les familles notables de la ville ; entre les tribunes dressées de chaque côté de la nef, les gardes du corps et les Cent-Suisses formaient la haie, comme à Versailles. À midi, le cardinal de Rohan, les chanoines-comtes de Strasbourg, et tout le clergé séculier et régulier de la ville, reçurent la Reine sous le porche et la conduisirent au chœur, toutes cloches sonnantes, au bruit des tambours, timbales et trompettes des gardes du corps. Précédée du grand-maître des cérémonies du Roi, des ambassadeurs extraordinaires et de monseigneur le duc d’Orléans, tenant la place de Louis XV, Marie traversa l’église, donnant la main au roi son père. Stanislas avait le cordon et la croix du Saint-Esprit, qu’il venait de recevoir du roi de France. Marie était vêtue d’une étoffe de brocart d’argent garnie de dentelles d’argent et semée de roses et de fleurs artificielles. La marquise de Linage portait la queue de sa robe, et la marquise de Rose celle de la reine de Pologne. L’estrade où la princesse s’agenouilla d’abord entre ses parents était couverte de velours cramoisi semé de fleurs de lis d’or, et au-dessus pendait un grand dais de semblable velours descendant des voûtes.

Le roi et la reine de Pologne menèrent leur fille à l’autel ; le duc d’Orléans se mit auprès d’elle et le cardinal prononça, avant de bénir le mariage, un discours qui justifiait, en cette grande journée, les vues inattendues de la Providence…

Pierre de Nolhac

Pierre Girauld de Nolhac, dit Pierre de Nolhac (Ambert 1859 – Paris 1936)
Écrivain, poète, historien, il a eu dans sa vie deux amours : les Antiquités latines et le XVIIIe siècle français – Rome et Versailles. Ses recherches sur Pétrarque feront date. Ce fort lien affectif à l’humanisme de la Renaissance italienne et à l’esthétisme de la France de l’ancien régime l’accompagnera toute sa vie, qu’il fût Conservateur du Château de Versailles ou directeur du musée Jacquemart-André. Élu à l’Académie française en 1922, il laissa une oeuvre abondante et raffinée.

I. – Le mariage

II. – Les années heureuses

III. – L’abandon

IV. – La bonne reine

Sources

Appendices

  • Les petits cabinets du roi
  • Chez Mme de Mailly et Mme de Châteauroux
  • Inventaire de Marie Leczinska